PRÉLUDE
L’Éthique aborde successivement les thématiques de l’origine de l’univers, de la connaissance humaine, des passions (ou affects), de la servitude de l'homme, et enfin de la possibilité et des moyens pour l'homme d'accéder à la liberté et la béatitude. Même si l’œuvre de Spinoza couvre la métaphysique, le philosophe hollandais a choisi le terme « éthique ». En effet, il pose que le bonheur provient d’une libération à l’égard de la superstition et des passions. En d’autres termes, ce qu'il appelle la substance universelle est un moyen de démystifier l’univers et de permettre à l’homme de vivre selon la raison.
Ce site est censé permettre d’aborder la lecture du livre avec quelques outils car le procédé d'exposition de l’éthique suit un «ordre géométrique». Le livre est aussi intéressant que difficile à lire.
Ce site est censé permettre d’aborder la lecture du livre avec quelques outils car le procédé d'exposition de l’éthique suit un «ordre géométrique». Le livre est aussi intéressant que difficile à lire.
INTRODUCTION
Tout vient du même endroit (univers, terre, galaxie). Nous avons par définition un socle commun avec tout ce qui nous est accessible par essence. Il y a une substance générale qui sous-tend l’existence en tant qu’elle est existence. C’est l’essence du tout, la nature ou Dieu.
Toute chose (par exemple, un homme) a une part identique avec son environnement par son origine similaire. Une conscience humaine qui partirait du commun pour s’accommoder au particulier penserait adéquatement. Ceci éviterait tout jugement de valeur sur base de critères de surface (les modes des affections). L'homme se donnerait un accès vers ce qui est commun et donc adéquat en tant que puissance d’exister. L’homme est identique à l’homme en tant qu’il dispose des mêmes propriétés de l’existence. Le socle est harmonie car commun et la surface est discorde car différence et concurrence entre particularités. La vérité est en mouvement en tant que nous n’en sommes qu’une forme fugitive et évoluante. L’existence bourgeonne indéfiniment sans but en dehors d’exister. Ainsi, par exemple, la volonté n’est qu’un mode d’ expression du socle commun qui nous compose (la substance infinie).
La volonté, le désir, l’intellect, l’amour ne sont que des modes des attributs de la substance et donc des combinaisons d’expression de la vie elle-même en tant qu’elle est la manifestation de ce qui est perçu par nos sens. N’importe qui peut être « faible » ou « fort » pour autant que l’individu évolue dans une interaction essentiellement adéquate ou inadéquate à ce qui l’entoure et que son corps le lui permet. Plus d’adéquation veut dire plus de réalité. Plus de réalité veut dire plus d' harmonie avec plus de conditions de possibilités dans ce qui nous est accessible. Tout rapport positif à l’autre peut-être possible pour autant que ce rapport se détermine dans ce que nous avons en commun avec lui.
Toute chose (par exemple, un homme) a une part identique avec son environnement par son origine similaire. Une conscience humaine qui partirait du commun pour s’accommoder au particulier penserait adéquatement. Ceci éviterait tout jugement de valeur sur base de critères de surface (les modes des affections). L'homme se donnerait un accès vers ce qui est commun et donc adéquat en tant que puissance d’exister. L’homme est identique à l’homme en tant qu’il dispose des mêmes propriétés de l’existence. Le socle est harmonie car commun et la surface est discorde car différence et concurrence entre particularités. La vérité est en mouvement en tant que nous n’en sommes qu’une forme fugitive et évoluante. L’existence bourgeonne indéfiniment sans but en dehors d’exister. Ainsi, par exemple, la volonté n’est qu’un mode d’ expression du socle commun qui nous compose (la substance infinie).
La volonté, le désir, l’intellect, l’amour ne sont que des modes des attributs de la substance et donc des combinaisons d’expression de la vie elle-même en tant qu’elle est la manifestation de ce qui est perçu par nos sens. N’importe qui peut être « faible » ou « fort » pour autant que l’individu évolue dans une interaction essentiellement adéquate ou inadéquate à ce qui l’entoure et que son corps le lui permet. Plus d’adéquation veut dire plus de réalité. Plus de réalité veut dire plus d' harmonie avec plus de conditions de possibilités dans ce qui nous est accessible. Tout rapport positif à l’autre peut-être possible pour autant que ce rapport se détermine dans ce que nous avons en commun avec lui.
Pour comprendre ces définitions, servez vous de l'image ci-dessus et de ce qui est souligné au paragraphe suivant.
Nature naturée
Tout ce qui suit de la nécessité de la nature de Dieu et donc de chacun de ses attributs. Tous les modes des attributs de la substance en tant qu'ils sont en Dieu
L'entendement en acte
L'entendement n'est qu'un certain mode du penser, mode différent des autres modes tels que le désir, l'amour, la volonté etc... Ce qui n'empêche pas qu'il soit conçu par un attribut de Dieu. Par exemple, la volonté ne peut pas être dite cause libre comme la substance (Dieu) mais cause nécessaire (déterminé par la substance). La volonté n'est donc qu'un mode particulier du penser. Dieu n'agit donc pas par libre volonté! CQFD (Dire le contraire serait en quelque sorte inverser ce triangle.
Le triangle blanc & les 2 cercles
Ils représentent la pensée adéquate et intuitive de l'universel et la seule chose que nous pouvons réellement connaître sans interprétation singulière (modale). Nous le verrons plus loin. le triangle en pointillé rouge du dessus représente la pensée inadéquate (voir la page sur l'esprit).
L'attribut
L'attribut est ce que l'entendement perçoit de la substance puisque cette substance est son essence.
Nature naturante
Ce qui est en soi et est conçu par soi. Ces attributs de la substance qui exprime une essence
éternelle et infinie. Dieu en tant qu'il est considéré comme une cause libre.
Dieu est la substance
Il est important de préciser que le "Dieu" de spinoza est sans rapport avec le Dieu des religions. En effet, ce que Spinoza appelle Dieu est sans libre Arbitre. C'est donc un penseur Athée, c'est-à-dire qui ne croit pas en l’existence d'une divinité religieuse (Ethique, trad Misrahi).
On peut dire qu'à l'origine (substance), il y a un quelque chose qui contient ce qui va donner de la matière et une autre forme subjective (l'esprit). L'esprit et le corps vont être une seule et même chose dans l'homme (un même mode mais de deux attributs différents).
De manière très simplifiée, considérons le corps humain comme une boîte. L'idée est que l'esprit "envahit" différentes boîtes (représentant divers attributs), certaines avec de petites ou grandes ouvertures. Ainsi, il y a une variation de capacités matérielles pour un même esprit. En substance, nous sommes tous la même chose avec des formes matérielles différentes. Cependant, nous avons tendance à évaluer les autres en fonction de la forme de leur boîte, se vantant d'avoir une belle boîte ou se sentant honteux d'en avoir une moins esthétique. Ce qui est souvent négligé, c'est que derrière ces boîtes, nous partageons tous un seul et même esprit. En d'autres termes, agir comme un roi au théâtre ne justifie pas le mépris envers un collègue jouant le rôle d'un paysan. Il est crucial de se rappeler que vous êtes tous les deux des acteurs, et la différence de rôle ne devrait pas entraîner un jugement de valeur oubliant la réalité commune que vous partagez.
Nature naturée
Tout ce qui suit de la nécessité de la nature de Dieu et donc de chacun de ses attributs. Tous les modes des attributs de la substance en tant qu'ils sont en Dieu
L'entendement en acte
L'entendement n'est qu'un certain mode du penser, mode différent des autres modes tels que le désir, l'amour, la volonté etc... Ce qui n'empêche pas qu'il soit conçu par un attribut de Dieu. Par exemple, la volonté ne peut pas être dite cause libre comme la substance (Dieu) mais cause nécessaire (déterminé par la substance). La volonté n'est donc qu'un mode particulier du penser. Dieu n'agit donc pas par libre volonté! CQFD (Dire le contraire serait en quelque sorte inverser ce triangle.
Le triangle blanc & les 2 cercles
Ils représentent la pensée adéquate et intuitive de l'universel et la seule chose que nous pouvons réellement connaître sans interprétation singulière (modale). Nous le verrons plus loin. le triangle en pointillé rouge du dessus représente la pensée inadéquate (voir la page sur l'esprit).
L'attribut
L'attribut est ce que l'entendement perçoit de la substance puisque cette substance est son essence.
Nature naturante
Ce qui est en soi et est conçu par soi. Ces attributs de la substance qui exprime une essence
éternelle et infinie. Dieu en tant qu'il est considéré comme une cause libre.
Dieu est la substance
Il est important de préciser que le "Dieu" de spinoza est sans rapport avec le Dieu des religions. En effet, ce que Spinoza appelle Dieu est sans libre Arbitre. C'est donc un penseur Athée, c'est-à-dire qui ne croit pas en l’existence d'une divinité religieuse (Ethique, trad Misrahi).
On peut dire qu'à l'origine (substance), il y a un quelque chose qui contient ce qui va donner de la matière et une autre forme subjective (l'esprit). L'esprit et le corps vont être une seule et même chose dans l'homme (un même mode mais de deux attributs différents).
De manière très simplifiée, considérons le corps humain comme une boîte. L'idée est que l'esprit "envahit" différentes boîtes (représentant divers attributs), certaines avec de petites ou grandes ouvertures. Ainsi, il y a une variation de capacités matérielles pour un même esprit. En substance, nous sommes tous la même chose avec des formes matérielles différentes. Cependant, nous avons tendance à évaluer les autres en fonction de la forme de leur boîte, se vantant d'avoir une belle boîte ou se sentant honteux d'en avoir une moins esthétique. Ce qui est souvent négligé, c'est que derrière ces boîtes, nous partageons tous un seul et même esprit. En d'autres termes, agir comme un roi au théâtre ne justifie pas le mépris envers un collègue jouant le rôle d'un paysan. Il est crucial de se rappeler que vous êtes tous les deux des acteurs, et la différence de rôle ne devrait pas entraîner un jugement de valeur oubliant la réalité commune que vous partagez.
Quelques comparaisons pour mieux comprendre
Les récits cosmogoniques traditionnels relatifs aux origines du monde expliquent l’univers de façon immanente. Les multiples récits, à travers leurs théories des sources nous disent qu’à l’origine, il y avait quelque chose (un chaos primordial ou encore un océan). Les mythes offrent diverses versions de la création de l'univers actuel.
La naissance d'un monde est souvent la résultante de conflits entre forces antagonistes, mais à l’origine, elle fait partie de l’univers. L’univers se déploie et le chaos devient quelque chose d’ordonné. Les structures apparaissent. Ces récits nous racontent une histoire qui part d’un « déjà là » qui fait partie du monde. Spinoza reprend ce type de modèle comme ontologie (point de départ de son éthique). Ce déjà là est une entité dont on n’interroge pas l’origine, car elle est cause d’elle-même.
De même selon le scientifique et professeur Etienne Klein, la physique ne peut expliquer l’origine d’une entité physique qu’en prétextant l’existence d’autres entités physiques précédentes. Soit ces entités physiques font partie de la chose, soit elles n’en font pas partie. Quel que soit le cas de figure, nous sommes toujours dans l’immanence. La physique explique une chose par une autre chose. On explique l’être par l’être.
Le socle métaphysique sur lequel Spinoza fonde son éthique est différent du Dieu des 3 monothéismes. En effet, toujours selon Etienne Klein, ces trois religions ont rompu avec les cosmogonies traditionnelles, en imaginant l’origine de l’univers comme transcendante. La fonction de Dieu est de sortir de lui-même pour créer l’univers. En d’autres mots, Dieu ne fait pas partie du monde, il est supérieur. L’origine de la chose ne fait pas partie de la chose et cela ne fonctionne que si l’homme s’interdit de s’interroger sur l’origine de Dieu.
La naissance d'un monde est souvent la résultante de conflits entre forces antagonistes, mais à l’origine, elle fait partie de l’univers. L’univers se déploie et le chaos devient quelque chose d’ordonné. Les structures apparaissent. Ces récits nous racontent une histoire qui part d’un « déjà là » qui fait partie du monde. Spinoza reprend ce type de modèle comme ontologie (point de départ de son éthique). Ce déjà là est une entité dont on n’interroge pas l’origine, car elle est cause d’elle-même.
De même selon le scientifique et professeur Etienne Klein, la physique ne peut expliquer l’origine d’une entité physique qu’en prétextant l’existence d’autres entités physiques précédentes. Soit ces entités physiques font partie de la chose, soit elles n’en font pas partie. Quel que soit le cas de figure, nous sommes toujours dans l’immanence. La physique explique une chose par une autre chose. On explique l’être par l’être.
Le socle métaphysique sur lequel Spinoza fonde son éthique est différent du Dieu des 3 monothéismes. En effet, toujours selon Etienne Klein, ces trois religions ont rompu avec les cosmogonies traditionnelles, en imaginant l’origine de l’univers comme transcendante. La fonction de Dieu est de sortir de lui-même pour créer l’univers. En d’autres mots, Dieu ne fait pas partie du monde, il est supérieur. L’origine de la chose ne fait pas partie de la chose et cela ne fonctionne que si l’homme s’interdit de s’interroger sur l’origine de Dieu.
Soulignons
une contradiction frappante : les monothéismes ont conçu Dieu à l’image
de l’homme lui prêtant ses caractéristiques modales (la volonté, le
jugement, la morale, le libre arbitre…) alors qu’il est censé ne pas
faire partie du monde.
En d’autres termes, les religions attribuent à Dieu des caractères d’imperfection propres à ce qui est fini alors même qu’il est censé être parfait et infini.
L’ontologie de Spinoza est inséparable de l’éthique, elle pose la question du sens. De quoi l’univers pourrait-il être l’achèvement ? Une éthique fondée sur la raison ne peut se définir autrement que de façon universelle et unitaire. La physique ne peut expliquer l’origine d’une entité physique qu’en prétextant l’existence d’autres entités physiques précédentes. Si l’on dit que dans le rien, il y a quelque chose, il faut expliquer l’origine de ce quelque chose et l’on est pris dans une régression à l’infini.
En d’autres termes, les religions attribuent à Dieu des caractères d’imperfection propres à ce qui est fini alors même qu’il est censé être parfait et infini.
L’ontologie de Spinoza est inséparable de l’éthique, elle pose la question du sens. De quoi l’univers pourrait-il être l’achèvement ? Une éthique fondée sur la raison ne peut se définir autrement que de façon universelle et unitaire. La physique ne peut expliquer l’origine d’une entité physique qu’en prétextant l’existence d’autres entités physiques précédentes. Si l’on dit que dans le rien, il y a quelque chose, il faut expliquer l’origine de ce quelque chose et l’on est pris dans une régression à l’infini.
SPINOZA ET LA PHYSIQUE
Le raisonnement de Spinoza, nous l’avons vu, repose sur les sciences physiques. Chaque portion de matière se déplace suivant les forces qu’exercent sur elle les parties voisines, conformément à leurs situations relatives. Toute évolution de matière future est déterminée de façon rigide par les conditions initiales.
Pour Spinoza, ce principe est, également, applicable lorsqu’il s’agit de matière qui constitue le corps humain. Cependant, dans ce cas précis, l’on ne pourra pas prédire de comportement avec certitude car l’objet qu’est le corps est aussi un esprit. Cet esprit ne peut pas connaitre l’essence des autres corps qui vont avoir un impact sur lui.
L’être est déterminé par des choses qu’il ne peut pas connaître adéquatement. Il est déterminé par une chaîne de causalité propre à son environnement par rapport aux capacités de son corps. Cependant, l’être peut se libérer par l’esprit comme être universel et se libérer en partie des contraintes extérieures.
En physique quantique, le principe d'incertitude implique l'impossibilité de connaître avec précision la position et la vitesse d'une particule de l'univers. Dans l'éthique, l’univers n’est rien d’autre que l’existence elle-même sans but particulier autre que d’exister.
Quand on vient à considérer les particules élémentaires qui constituent la matière, il semble qu’il n’y ait aucune raison de les concevoir à leur tour comme constituées d’un certain matériau. Elles sont pour la mécanique quantique, de pures configurations. En d’autre terme, Il y a une nette différence entre réalité et représentation humaine.
De même, pour Spinoza la matière et le temps ne sont pas divisible et isolable d'une réalité universelle et véritable, sinon comme production de l'imagination qui peut éventuellement servir d'auxiliaire à un raisonnement scientifique au même titre que la "figure".
Henri Bergson détaillera dans son livre, l'évolution créatrice, l'erreur de jugement de l'homme qui consiste à concevoir ses états psychiques comme des étapes fragmentées. Là ou il y a continuité variable, l'homme voit des séquences isolées.
Ainsi, l'éthique, sans être une sorte d'anticipation de l'astrophysique, est suffisamment générale pour ne pas être contradictoire avec les théories modernes de la mécanique quantique (ex : une même particule est à deux endroits au même moment ou une particule qui remonte le temps...).
Pour Spinoza, ce principe est, également, applicable lorsqu’il s’agit de matière qui constitue le corps humain. Cependant, dans ce cas précis, l’on ne pourra pas prédire de comportement avec certitude car l’objet qu’est le corps est aussi un esprit. Cet esprit ne peut pas connaitre l’essence des autres corps qui vont avoir un impact sur lui.
L’être est déterminé par des choses qu’il ne peut pas connaître adéquatement. Il est déterminé par une chaîne de causalité propre à son environnement par rapport aux capacités de son corps. Cependant, l’être peut se libérer par l’esprit comme être universel et se libérer en partie des contraintes extérieures.
En physique quantique, le principe d'incertitude implique l'impossibilité de connaître avec précision la position et la vitesse d'une particule de l'univers. Dans l'éthique, l’univers n’est rien d’autre que l’existence elle-même sans but particulier autre que d’exister.
Quand on vient à considérer les particules élémentaires qui constituent la matière, il semble qu’il n’y ait aucune raison de les concevoir à leur tour comme constituées d’un certain matériau. Elles sont pour la mécanique quantique, de pures configurations. En d’autre terme, Il y a une nette différence entre réalité et représentation humaine.
De même, pour Spinoza la matière et le temps ne sont pas divisible et isolable d'une réalité universelle et véritable, sinon comme production de l'imagination qui peut éventuellement servir d'auxiliaire à un raisonnement scientifique au même titre que la "figure".
Henri Bergson détaillera dans son livre, l'évolution créatrice, l'erreur de jugement de l'homme qui consiste à concevoir ses états psychiques comme des étapes fragmentées. Là ou il y a continuité variable, l'homme voit des séquences isolées.
Ainsi, l'éthique, sans être une sorte d'anticipation de l'astrophysique, est suffisamment générale pour ne pas être contradictoire avec les théories modernes de la mécanique quantique (ex : une même particule est à deux endroits au même moment ou une particule qui remonte le temps...).
SPINOZA ET HENRI BERGSON
Pour Henri Bergson comme pour Spinoza une théorie de la vie (des choses extérieures à l’être qui le détermine) est indissociable d’une théorie de la connaissance (de l’être en lui-même).
Dans le cas contraire notre connaissance des choses extérieures (la nature, les hommes, les animaux…) est figée et la pensée ne peut que s’enfermer dans un cadre préexistant (catégories ou stéréotypes et généralisations abusives et trompeuses). En effet, l’existence que l’être en lui-même connait le mieux est la sienne, car il a de tous les autres objets des notions superficielles, tandis qu’il se perçoit lui-même profondément.
Pourquoi se perçoit-il lui-même profondément ?
Spinoza répond par une métaphysique immanente (contrairement aux religions : transcendantes) et par une chaîne de causalité universelle presque comparable au raisonnement des sciences physiques. Il est cependant contraint d’émettre une hypothèse intuitive sur la causalité universelle (un peu comme en physique quantique) : « celle-ci est cause d’elle-même ». Il tente alors de démontrer par un raisonnement géométrique pourquoi la raison humaine ne peut le concevoir autrement.
Qu’est ce que l’être pourra constater s’il fait l’effort de s’observer ?
Qu’il est la plupart du temps dans le jugement superficiel et que toutes ses actions en découlent (voir la théorie des affects).
Qu’il n’est pas libre mais qu’il est une condensation de sa propre histoire (ce qu’il a pensé et voulu dans le passé est là dans le présent), de son milieu et de ses dispositions prénatales (le corps).
Qu’il est contraint d’envisager les choses de façon finie et figée (à un temps 0) pour les comprendre alors que les propriétés vitales ne sont jamais entièrement réalisées et toujours en voie de réalisation (l’évolution de la vie est donc infinie car non finie). L’être en éprouvant de se perpétuer dans le temps par la reproduction biologique crée un organisme nouveau avec un fragment de l’ancien (Bergson, l’évolution créatrice).
Cette tendance à figer l'être dans le temps n'est rien d'autre que l'individualité. Le besoin même qu'elle éprouve de se perpétuer dans le temps la condamne à n'être jamais complète (Bergson, l’évolution créatrice) .
Il découle du paragraphe précédent que la modernité (le tout scientifique) isole ou clôt artificiellement. La société postmoderne assimile l’homme (le vivant) à un objet (un temps 0 perpétuel). L’être est contraint dans l’urgence à un fonctionnement automatique et à un raisonnement en termes de performance (perte du sens de ses actions). En d'autres mots, il fige une réalité en mouvement par une simplification perceptive du monde qui l'entoure.
Dans le cas contraire notre connaissance des choses extérieures (la nature, les hommes, les animaux…) est figée et la pensée ne peut que s’enfermer dans un cadre préexistant (catégories ou stéréotypes et généralisations abusives et trompeuses). En effet, l’existence que l’être en lui-même connait le mieux est la sienne, car il a de tous les autres objets des notions superficielles, tandis qu’il se perçoit lui-même profondément.
Pourquoi se perçoit-il lui-même profondément ?
Spinoza répond par une métaphysique immanente (contrairement aux religions : transcendantes) et par une chaîne de causalité universelle presque comparable au raisonnement des sciences physiques. Il est cependant contraint d’émettre une hypothèse intuitive sur la causalité universelle (un peu comme en physique quantique) : « celle-ci est cause d’elle-même ». Il tente alors de démontrer par un raisonnement géométrique pourquoi la raison humaine ne peut le concevoir autrement.
Qu’est ce que l’être pourra constater s’il fait l’effort de s’observer ?
Qu’il est la plupart du temps dans le jugement superficiel et que toutes ses actions en découlent (voir la théorie des affects).
Qu’il n’est pas libre mais qu’il est une condensation de sa propre histoire (ce qu’il a pensé et voulu dans le passé est là dans le présent), de son milieu et de ses dispositions prénatales (le corps).
Qu’il est contraint d’envisager les choses de façon finie et figée (à un temps 0) pour les comprendre alors que les propriétés vitales ne sont jamais entièrement réalisées et toujours en voie de réalisation (l’évolution de la vie est donc infinie car non finie). L’être en éprouvant de se perpétuer dans le temps par la reproduction biologique crée un organisme nouveau avec un fragment de l’ancien (Bergson, l’évolution créatrice).
Cette tendance à figer l'être dans le temps n'est rien d'autre que l'individualité. Le besoin même qu'elle éprouve de se perpétuer dans le temps la condamne à n'être jamais complète (Bergson, l’évolution créatrice) .
Il découle du paragraphe précédent que la modernité (le tout scientifique) isole ou clôt artificiellement. La société postmoderne assimile l’homme (le vivant) à un objet (un temps 0 perpétuel). L’être est contraint dans l’urgence à un fonctionnement automatique et à un raisonnement en termes de performance (perte du sens de ses actions). En d'autres mots, il fige une réalité en mouvement par une simplification perceptive du monde qui l'entoure.
SPINOZA ET LA LAÏCITÉ ACTUELLE
Le terme Grec Laos, désigne l’unité d’une population et l’étymologie latine laicus exprime ce qui est commun. Aujourd'hui, une société fondée sur la laïcité est une organisation commune comprenant les conditions de possibilité d’une unité malgré la diversité de ses citoyens.
L’unité du Laos n’a d’autre fondement que l’égalité de statut des convictions de ses membres (Henri Pena-Ruiz, qu’est-ce-que la laïcité ?).
La laïcité par le principe de neutralité, dépasse les différences collectives sans pour autant les nier.
Pour Spinoza, L’homme a, par essence, un socle commun avec tout ce qui lui est accessible. Il y a une substance générale qui sous tend l’existence en tant qu’elle est existence. C’est l’essence du tout préalable aux différences de tous.
La laïcité quant à elle, est le socle commun d’une organisation sociale permettant de subordonner les religions et les spiritualités athées à des principes de liberté et d’égalité.
Tout comme la métaphysique de Spinoza, les valeurs de laïcité sont universelles. Elles se basent sur la conviction que tous les hommes sont également dotés de droits naturels et de raison. C’est une vision de la Nation comme libre construction politique.
Soulignons que l’œuvre de Spinoza contient un premier versant qui s’appelle l’éthique et qui concerne un individu dans son être singulier et un deuxième versant qui consiste à considérer une multiplicité de sujets dans le Traité des autorités théologique et politique.
Comment cette multiplicité va-t'elle-parvenir à la liberté politique ? Cette question est essentielle pour créer un cadre sociétal permettant une possibilité de libération d'individus particuliers par l'éthique.
Dans le Traité des autorités théologique et politique, Spinoza aborde la question de la liberté collective en tant que l’état ne s’est pas encore entièrement émancipé du religieux. Cette œuvre est censée apprêter un traité permettant un véritable état « laïque » émancipé de la tutelle théologique.
La paix intérieure de la vie sociétale, selon Spinoza, ne requiert que le respect du droit, lui-même facilité par la disposition éthique, mais sur base d'une neutralité d'intention de l'état permettant aux théistes de considérer la laïcité comme souhaitable.
En effet, Spinoza ne confond pas le cléricalisme, ambition toute temporelle de domination s'incarnant concrètement dans la captation de la puissance publique et la religion, comme croyance unissant librement des fidèles (PEna-Ruiz, Qu'est-ce-que la laïcité).
L’unité du Laos n’a d’autre fondement que l’égalité de statut des convictions de ses membres (Henri Pena-Ruiz, qu’est-ce-que la laïcité ?).
La laïcité par le principe de neutralité, dépasse les différences collectives sans pour autant les nier.
Pour Spinoza, L’homme a, par essence, un socle commun avec tout ce qui lui est accessible. Il y a une substance générale qui sous tend l’existence en tant qu’elle est existence. C’est l’essence du tout préalable aux différences de tous.
La laïcité quant à elle, est le socle commun d’une organisation sociale permettant de subordonner les religions et les spiritualités athées à des principes de liberté et d’égalité.
Tout comme la métaphysique de Spinoza, les valeurs de laïcité sont universelles. Elles se basent sur la conviction que tous les hommes sont également dotés de droits naturels et de raison. C’est une vision de la Nation comme libre construction politique.
Soulignons que l’œuvre de Spinoza contient un premier versant qui s’appelle l’éthique et qui concerne un individu dans son être singulier et un deuxième versant qui consiste à considérer une multiplicité de sujets dans le Traité des autorités théologique et politique.
Comment cette multiplicité va-t'elle-parvenir à la liberté politique ? Cette question est essentielle pour créer un cadre sociétal permettant une possibilité de libération d'individus particuliers par l'éthique.
Dans le Traité des autorités théologique et politique, Spinoza aborde la question de la liberté collective en tant que l’état ne s’est pas encore entièrement émancipé du religieux. Cette œuvre est censée apprêter un traité permettant un véritable état « laïque » émancipé de la tutelle théologique.
La paix intérieure de la vie sociétale, selon Spinoza, ne requiert que le respect du droit, lui-même facilité par la disposition éthique, mais sur base d'une neutralité d'intention de l'état permettant aux théistes de considérer la laïcité comme souhaitable.
En effet, Spinoza ne confond pas le cléricalisme, ambition toute temporelle de domination s'incarnant concrètement dans la captation de la puissance publique et la religion, comme croyance unissant librement des fidèles (PEna-Ruiz, Qu'est-ce-que la laïcité).
SPINOZA ET LA POSTMODERNITÉ
Spinoza fait partie d'une tradition qui consiste à considérer qu'un état se tient autour de la vertu, donc qu'il y a une probité publique et une régulation par le droit et la vertu.
Aujourd'hui, il y a une tradition libérale mondialement dominante qui considère que les hommes dysfonctionnent, qu'ils ne sont pas raisonnables, qu'il vaut mieux une société qui marche sans la raison des hommes mais avec leurs passions. Ceux-ci, régulent la société autour de l'intérêt.
Cette tendance à la perte de capacité de réguler l'économie moderne des états compromet l'idée de bien commun. Ce bien étant le fondement égalitaire sur lequel est basé la laïcité et l'universalité comme socles des sociétés démocratiques.
Comme tous les intégrismes, l'intégrisme "libéral" pratique le prosélytisme. Détenteur de la seule vérité, il adopte une organisation sociale supposée la seule efficace, et n'a de cesse de l'imposer à tous. Cette attitude a été celle de la plupart des religions. Pour répandre la bonne parole, les chrétiens n'ont guère hésité, à recourir à la force (A.Jacquard, j'accuse l'économie triomphante).
Ce n'est pas seulement l'état totalitaire ou le cléricalisme qui peuvent priver les habitants de leur liberté. La concentration financière dans un monde globalisé est une autre forme de monopole du pouvoir. Aujourd'hui, les états sont devenus tout à fait impuissant devant la fuite des multinationales et des capitaux. La libre circulation par la dérégulation des cadres réglementaires qui canalisaient les excès du système capitaliste s’effondrent. Le contrôle de l'économie ne dépend plus de la souveraineté populaire et l'autonomie politique s'affaiblit de jour en jour.
Ces phénomènes sont liés à la mondialisation, c'est-à-dire à la mise en coupe réglée du monde par l'hyperbourgeoisie financière, transfrontière et postmoderne, hédoniste et déculturée, axée sur la prédation rapide et systématique (Dan-Robert Dufour, le délire occidental, 2014).
Malgré tout, Il ne faut pas perdre courage. Le courage, c'est le lien du sens, le lien avec autrui et avec l'avenir. Dépasser l'intérêt n'est pas simple. Nous sommes dans un monde où il faut chaque jour copiner avec l'irrespectable, s'éroder au contact des petits pervers, endurer les abus de pouvoir que l'on n'a pas su déconstruire collectivement (C. Fleury, la fin du courage).
Aime et ne désespère pas, à ces démons d'inimitié, oppose ta douceur sereine, et reverse leur en pitié tout ce qu'ils t'ont vomi de haine. La haine, c'est l'hiver du cœur. Plains-les! Mais garde ton courage. Garde ton sourire vainqueur (victor hugo).
Aujourd'hui, il y a une tradition libérale mondialement dominante qui considère que les hommes dysfonctionnent, qu'ils ne sont pas raisonnables, qu'il vaut mieux une société qui marche sans la raison des hommes mais avec leurs passions. Ceux-ci, régulent la société autour de l'intérêt.
Cette tendance à la perte de capacité de réguler l'économie moderne des états compromet l'idée de bien commun. Ce bien étant le fondement égalitaire sur lequel est basé la laïcité et l'universalité comme socles des sociétés démocratiques.
Comme tous les intégrismes, l'intégrisme "libéral" pratique le prosélytisme. Détenteur de la seule vérité, il adopte une organisation sociale supposée la seule efficace, et n'a de cesse de l'imposer à tous. Cette attitude a été celle de la plupart des religions. Pour répandre la bonne parole, les chrétiens n'ont guère hésité, à recourir à la force (A.Jacquard, j'accuse l'économie triomphante).
Ce n'est pas seulement l'état totalitaire ou le cléricalisme qui peuvent priver les habitants de leur liberté. La concentration financière dans un monde globalisé est une autre forme de monopole du pouvoir. Aujourd'hui, les états sont devenus tout à fait impuissant devant la fuite des multinationales et des capitaux. La libre circulation par la dérégulation des cadres réglementaires qui canalisaient les excès du système capitaliste s’effondrent. Le contrôle de l'économie ne dépend plus de la souveraineté populaire et l'autonomie politique s'affaiblit de jour en jour.
Ces phénomènes sont liés à la mondialisation, c'est-à-dire à la mise en coupe réglée du monde par l'hyperbourgeoisie financière, transfrontière et postmoderne, hédoniste et déculturée, axée sur la prédation rapide et systématique (Dan-Robert Dufour, le délire occidental, 2014).
Malgré tout, Il ne faut pas perdre courage. Le courage, c'est le lien du sens, le lien avec autrui et avec l'avenir. Dépasser l'intérêt n'est pas simple. Nous sommes dans un monde où il faut chaque jour copiner avec l'irrespectable, s'éroder au contact des petits pervers, endurer les abus de pouvoir que l'on n'a pas su déconstruire collectivement (C. Fleury, la fin du courage).
Aime et ne désespère pas, à ces démons d'inimitié, oppose ta douceur sereine, et reverse leur en pitié tout ce qu'ils t'ont vomi de haine. La haine, c'est l'hiver du cœur. Plains-les! Mais garde ton courage. Garde ton sourire vainqueur (victor hugo).
SPINOZA, SPIRITUALITÉ ET RELIGION
La métaphysique de Spinoza est un panthéisme, le monde et Dieu sont une seule et même chose (Dieu = la nature). Si l'univers était strictement une quantité de force, il équivaudrait à la substance d'origine. Cependant, chez Spinoza, il n'y a pas de finalité générale car la nature n'a pas de libre arbitre. On se trouve ici dans le monisme où les créatures et le choses composent une énergie. L'essence du tout est unique.
Spinoza aborde le sacré de façon immanente et adogmatique. L'homme n'obéit à aucun absolu qui ne soit analysé par la raison. Il nous rappelle au passage que les questions de spiritualités ne sont pas la propriété unique des religions. Spinoza pour les 3 monothéismes est considéré comme un penseur "athée".
L'hindouisme a transmis une culture panthéiste, de la préhistoire jusqu'à nos jours. Sans rentrer dans les détails, selon l’hindouisme, toute création est divine. Chaque chose dans la Nature est une représentation de l'universel.
Par contradiction, Nietzsche n'est pas tout à fait moniste. En effet, pour lui, l'univers est un chaos où l'unité fait défaut. C'est une multiplicité de centres de force qui, les uns contre les autres, s'exercent sans repos. On se trouve ici dans l'absence de tout déterminisme et le règne du hasard. Le spirituel est pure immanence. Nietzsche qui se définit lui-même comme athée n'en pose pas moins la question de l'origine du monde.
Nous le verrons plus loin, Pour Spinoza, le bonheur est la connaissance intuitive (dans le sens de systématique) de l'universalité des hommes. L'homme voit alors systématiquement ce qui rassemble avant de voir ce qui sépare de façon intuitive, sans effort et en accord. C'est la liberté du déterminé par les causes extérieures.
Dans le même ordre d'idée et bien avant Spinoza, les maître hindous, bouddhistes, taoïstes recommandaient sans cesse de se vider l'esprit des liens pervers de la démarche de la cause et de l'effet, pour adopter la "Voie abrupte" de la perception directe de la réalité, l'intuition (Jacques Rifflet, les mondes du sacré).
*Rien ne commence et rien ne finit d'une manière absolue. Il n'y a de commencement et de fin qu'en apparence. En réalité tout se tient, tout se continue, pour subir d'incessantes transformations qui se manifestent par une série de modes successifs d'existence. Ces modes sont variés. Tout ce qui se réalise en acte a précédemment existé en puissance. Tout être a donc ses racines dans l'origine même de toutes choses (J).
Chez Spinoza, comme dans la plupart des pensées spirituelles, nous sommes dans un système trinitaire :
De Dieu : Substance ===> Attributs ===> modes.
De l'Esprit : Substance (corps avec esprit) ===> Attributs (corps et esprit) ===> Mode (Corps avec esprit).
On peut dire qu'à l'origine, il y a un quelque chose qui contient ce qui va donner de la matière et une autre forme subjective (l'esprit). L'esprit et le corps vont être une seule et même chose dans l'homme (un même mode mais de deux attributs différents).
En d'autres mots encore, ce n'est pas parce que vous jouer le rôle d'un roi au théâtre que vous allez mépriser votre collègue qui joue le rôle du paysans. En effet, ça serait totalement oublier que vous êtes tous les deux acteurs.
Tout au long de ce site, vous remarquerez que les pensées relatives à l'infini et au point initial de l'univers sont souvent représentées par un cercle ou une spirale. Tout centre suppose une circonférence. L'unité abstraite est toujours liée à la multiplicité concrète. Dans le même ordre d'idée, le bas des triangles isocèles qui sont représentés sont synonymes de source générale et le point isocèle du dessus représente les individualités qui suivent la source.
Si j'avais réfléchi cette image en logique purement géométrique, j'aurais disposé le triangle à l'envers. En effet, si le triangle est isocèle au point supérieur, cela signifie que les deux côtés qui ont la même longueur, partent du point supérieur. Ce point supérieur du triangle pourrait être vu comme une sorte de synthèse. Cependant, n'oublions pas que pour Spinoza, l'image est une imagination et doit être une simple marche vers la compréhension intuitive de l'être. En réalité, la pensée est une et pas un triangle, des points ou une spirale. Cependant, nous ne percevons les choses qu'en fonction des contrastes qui font nécessairement défaut dans ce qui est un et uniforme. Le lecteur attentif pourra remarquer que l'image que j'ai disposé ci-contre est une synthèse des deux derniers paragraphes.
Spinoza aborde le sacré de façon immanente et adogmatique. L'homme n'obéit à aucun absolu qui ne soit analysé par la raison. Il nous rappelle au passage que les questions de spiritualités ne sont pas la propriété unique des religions. Spinoza pour les 3 monothéismes est considéré comme un penseur "athée".
L'hindouisme a transmis une culture panthéiste, de la préhistoire jusqu'à nos jours. Sans rentrer dans les détails, selon l’hindouisme, toute création est divine. Chaque chose dans la Nature est une représentation de l'universel.
Par contradiction, Nietzsche n'est pas tout à fait moniste. En effet, pour lui, l'univers est un chaos où l'unité fait défaut. C'est une multiplicité de centres de force qui, les uns contre les autres, s'exercent sans repos. On se trouve ici dans l'absence de tout déterminisme et le règne du hasard. Le spirituel est pure immanence. Nietzsche qui se définit lui-même comme athée n'en pose pas moins la question de l'origine du monde.
Nous le verrons plus loin, Pour Spinoza, le bonheur est la connaissance intuitive (dans le sens de systématique) de l'universalité des hommes. L'homme voit alors systématiquement ce qui rassemble avant de voir ce qui sépare de façon intuitive, sans effort et en accord. C'est la liberté du déterminé par les causes extérieures.
Dans le même ordre d'idée et bien avant Spinoza, les maître hindous, bouddhistes, taoïstes recommandaient sans cesse de se vider l'esprit des liens pervers de la démarche de la cause et de l'effet, pour adopter la "Voie abrupte" de la perception directe de la réalité, l'intuition (Jacques Rifflet, les mondes du sacré).
*Rien ne commence et rien ne finit d'une manière absolue. Il n'y a de commencement et de fin qu'en apparence. En réalité tout se tient, tout se continue, pour subir d'incessantes transformations qui se manifestent par une série de modes successifs d'existence. Ces modes sont variés. Tout ce qui se réalise en acte a précédemment existé en puissance. Tout être a donc ses racines dans l'origine même de toutes choses (J).
Chez Spinoza, comme dans la plupart des pensées spirituelles, nous sommes dans un système trinitaire :
De Dieu : Substance ===> Attributs ===> modes.
De l'Esprit : Substance (corps avec esprit) ===> Attributs (corps et esprit) ===> Mode (Corps avec esprit).
On peut dire qu'à l'origine, il y a un quelque chose qui contient ce qui va donner de la matière et une autre forme subjective (l'esprit). L'esprit et le corps vont être une seule et même chose dans l'homme (un même mode mais de deux attributs différents).
En d'autres mots encore, ce n'est pas parce que vous jouer le rôle d'un roi au théâtre que vous allez mépriser votre collègue qui joue le rôle du paysans. En effet, ça serait totalement oublier que vous êtes tous les deux acteurs.
Tout au long de ce site, vous remarquerez que les pensées relatives à l'infini et au point initial de l'univers sont souvent représentées par un cercle ou une spirale. Tout centre suppose une circonférence. L'unité abstraite est toujours liée à la multiplicité concrète. Dans le même ordre d'idée, le bas des triangles isocèles qui sont représentés sont synonymes de source générale et le point isocèle du dessus représente les individualités qui suivent la source.
Si j'avais réfléchi cette image en logique purement géométrique, j'aurais disposé le triangle à l'envers. En effet, si le triangle est isocèle au point supérieur, cela signifie que les deux côtés qui ont la même longueur, partent du point supérieur. Ce point supérieur du triangle pourrait être vu comme une sorte de synthèse. Cependant, n'oublions pas que pour Spinoza, l'image est une imagination et doit être une simple marche vers la compréhension intuitive de l'être. En réalité, la pensée est une et pas un triangle, des points ou une spirale. Cependant, nous ne percevons les choses qu'en fonction des contrastes qui font nécessairement défaut dans ce qui est un et uniforme. Le lecteur attentif pourra remarquer que l'image que j'ai disposé ci-contre est une synthèse des deux derniers paragraphes.
SPINOZA VERSUS NIETZSCHE
N'étant
pas un philosophe au sens académique du terme, je me suis intéressé à
Nietzsche, et bien plus tard à Spinoza animé par une curiosité née de la
vision du film de Stanley Kubrick :
« 2001, l’odyssée de l’espace ». Lors de l'épilogue et pour la première
fois, j’ai compris la puissance d'une abstraction artistique.
Mais quel rapport entre Nietzsche et Kubrick me direz-vous?
Le dénouement de l’odyssée est accompagnée de la musique de Strauss qui est aussi le titre du livre principal de Nietzsche : « ainsi parlait Zarathoustra ». Cet accompagnement est précisément placé au moment ou l'astronaute se matérialise en un fœtus flottant dans l'espace. Ce dénouement est essentiel d'un point de vue symbolique, il clôture un enchaînement d'évènements étranges qui marque à tout jamais les spectateurs touchés par la grâce.
Dans la symbolique Nietzschéenne, c'est un enfant qui représente le surhomme. L'enfant prêt à tout découvrir sans préjugés ni jugement de valeur. Sa philosophie est une forme d'expression artistique par le déchaînement des passions et des forces qu'elle préconise.
Mais quel rapport entre Nietzsche et Kubrick me direz-vous?
Le dénouement de l’odyssée est accompagnée de la musique de Strauss qui est aussi le titre du livre principal de Nietzsche : « ainsi parlait Zarathoustra ». Cet accompagnement est précisément placé au moment ou l'astronaute se matérialise en un fœtus flottant dans l'espace. Ce dénouement est essentiel d'un point de vue symbolique, il clôture un enchaînement d'évènements étranges qui marque à tout jamais les spectateurs touchés par la grâce.
Dans la symbolique Nietzschéenne, c'est un enfant qui représente le surhomme. L'enfant prêt à tout découvrir sans préjugés ni jugement de valeur. Sa philosophie est une forme d'expression artistique par le déchaînement des passions et des forces qu'elle préconise.
L'opposition en miroir de Spinoza et de Nietzsche les rend, paradoxalement, complémentaires. Nietzsche a défaut de transformer son lecteur en "surhomme" peut servir de pont vers Spinoza. Nietzsche est un destructeur de valeurs corrompues et Spinoza un architecte rigoureux de la reconstruction par l'adéquation.
Voici une brève comparaison des deux philosophies :
La pensée du philosophe Allemand nie l’universalité des spiritualités religieuses et des métaphysiques philosophiques.
Même si Nietzsche manque volontairement de rigueur dans ses ouvrages, il écrit par succession plus ou moins suivie d’aphorismes et de réflexions succinctes et brutales comme des coups de marteau donnés sur tous les concepts développés par des humains pour les humains.
Nietzsche est désabusé par l’imperfection de sa condition humaine et par les limites et les souffrances encore plus violentes que lui imposent une maladie dégénérative et incurable. Il est probablement tellement amoindri par ses souffrances physiques qu’il développe une sorte de "philosophie médicament". Il va développer une théorie psychologique de la dépendance afin d'associer à toutes pensées conceptuelles les névroses de leurs auteurs. Les philosophes sont des accoucheurs intellectuels de leur propre incapacité à supporter l’existence.
La vie se présentant dans sa beauté et sa brutalité magnifique, les penseurs d’un autre monde ne sont que des créateurs d’imaginaire. L'irréel développée par un intellectuel, correspond trait pour trait à un ressentiment personnel envers ce qu'il est incapable de supporter. De même, l'artiste transforme le monde afin de le rendre supportable. L'art est une forme de remède à la connaissance et le monde n'est possible que par l'illusion artistique. Pour Nietzsche, l'art est un remède à la vérité... A sa vérité.
Comme chez Spinoza, on perçoit chez Nietzsche une influence des sciences physique. Tous les contextes extérieurs qui empêchent l’homme de manifester sa puissance de vie telle qu’elle se présente en lui est contraint de la refouler au prix d’une manifestation de bassesses contraire à la manifestation des forces.
Bien que comparable à Spinoza en ce qui concerne la remise en question des dogmes et des valeurs morales, Nietzsche s’oppose totalement aux idées d’universelle, de Dieu et de métaphysique. Pour le philosophe, l’univers n’est qu’une immense quantité de force en action dont le principe est la dominance d’une quantité d’énergie sur une autre quantité d’énergie sans finalité particulaire.
L’esprit et la matière sont des formes de représentations de ces quantités. Ces représentations sont apparues par hasard. Cette énergie crée une force (principe physique élémentaire) que nous percevons. C’est réel car c’est actif et c’est actif car c’est réel. La seule modalité d’existence valable est l’être actif (immanence pure).
Il récuse toute forme d’idéal humain qu’il considère comme une fuite en avant des êtres incapables de supporter l’existence telle qu’elle se présente, ces individus sont des faibles et des passifs. La morale des faibles est donc l'expression de ce ressentiment : le ressentiment est l'affect d'une volonté vaincue qui cherche à se venger.
Nietzsche hait la providence Catholique qu’il rend responsable de la décadence de l'occident. La pensée dualiste qui consiste à séparer Dieu du monde réel est une insulte à la vie.
Ainsi, selon Nietzsche, la pitié, l'altruisme, toutes les valeurs humanitaires, sont en fait des valeurs par lesquelles on cherche à se redonner des conditions de possibilité de supporter le monde.
Pour lui, ces valeurs sont illusoires et donc passives. Elles sont le terreau d’une haine impuissante qui se cherche un moyen de vengeance et de domination. Le christianisme, le libéralisme, le socialisme, etc. sont des exemples de morales du ressentiment.
Le ressentiment donne naissance à des valeurs d’égalité propre aux faibles. Les valeurs des lumières portées avant l’heure par l’œuvre de Spinoza (laïcité, égalité, solidarité, progrès…) ne sont que des réminiscences de la pensée christique laïcisée. Chez Nietzsche, le faible est dominant en nombre et contrarie la courbe de l’évolution humaine par une causalité généalogique de conditions d'organisations humaines dévalorisant la vie (contraire de la théorie de l’adaptation de Darwin).
Cependant, l'inversion morale des valeurs par les faibles, ne suffit pas à expliquer la puissance avec laquelle elle s'est imposée dans l'histoire. Il y faut encore l'ingérence du prêtre qui s'oppose, dans une riposte de castes, au guerrier (et au politique).
La figure de l'idéal ascétique, c'est le prêtre. Homme du ressentiment par excellence, maître de l'autre monde.
Comment assoit-il sa domination ? Quelle est sa généalogie?
Le faible s'interroge sur les causes de son malheur. Pour Nietzsche, c'est précisément là que surgit le prêtre. Il désigne l'homme accablé comme responsable de ses fautes. Par le péché, l’homme d’église vient répandre la mauvaise conscience, encourager la confusion dans les pulsions intrapsychiques. C'est une véritable tyrannie du coupable visant à le rendre maître du troupeau.
C’est alors qu’apparaît le dictat du miséreux. Dans une chaîne gigantesque de débiteur, la religion s'installe et se pérennise sous l'œil bienheureux de ces représentants du néant. A présent, ils sont les maîtres de ce troupeau d'ascètes.
L'aspiration vers le vide, la mise à disposition des forces contre les forces, l'affaiblissement du vouloir, telles sont les grands mouvements qui circulent dans le christianisme.
Toutes les pensées de l'absolu, sont les symptômes d'une même volonté de revanche, d'une volonté d'en finir qui, curieusement se met à créer des valeurs. Ces valeurs s’expriment en « moraline » chrétienne : l’être refoule ses pulsions et ses instincts élémentaires qui émergent dans la conscience en amoindrissement de l’existence (dépression, haine, passions tristes,…)
La conscience chez Nietzsche n'est qu'une perception tardive des effets de la lutte des instincts, des pulsions et des affects. Ils sont une manifestation particulière de la volonté de puissance. Les pulsions et les instincts cherchant à dominer ou à s’associer pour dominer. Ces jeux de forces sont inconscients mais omniprésents et la morale religieuse les réprime et génère des consciences animées par la bassesse (viols, dépendances, destructions, perversions…).
Partout ou se manifeste la vie, se manifeste la volonté de puissance. La vie est essentiellement volonté de force ; et même dans la volonté de celui qui obéit, il trouve la volonté d’être maître. Le vivant cherche la puissance au risque d’y perdre la vie.
Ainsi, Nietzsche développe une théorie contraire à celle de Spinoza. Pour lui, le principe de « conservation de soi » du Philosophe Hollandais est tout simplement faux (voir les affects). C’est l’accroissement de puissance qui serait l’objectif essentiel du vivant qui, pour Nietzsche, n’apparaît plus chercher le bonheur d’une psychologie épicurienne.
Ainsi ce que Spinoza considère comme passivité et esclavage, ce sont les passions des hommes alors que le philosophe Allemand considère les passions comme des forces actives qui veulent se dépenser et créer. C’est une chaîne d’explosion continue qui n’a pas le bonheur pour but.
Chez Friedrich l’harmonie est passive et régressive. C’est la puissance des faibles pour anéantir les forts. Les forts étant les seigneurs donc des hommes à la constitution suffisamment puissante pour dominer les autres. La pensée de Nietzsche est donc Aristocratique. Cependant, il n’est pas Darwinien. Les types supérieurs ne sont pas ceux qui survivent aux conditions du milieu. La supériorité et l'infériorité ne se définissent pas par la durée de l'existence. Car, dans ce cas, une existence terne, ralentie, amoindrie témoignerait de la valeur plus grand d'un individu.
C’est au contraire, la vie intense, puissante, explosive, la vie débordante de santé, de courage , de témérité, la vie dangereuse qui, seule, peut révéler la supériorité d’un type, quel que soit le peu de longueur de cette explosion vitale. Celle qui s’efforce de survivre mesquinement à elle-même indique déjà le déclin. Elle annonce l’épuisement et la décadence. Mais le christianisme, le platonisme et les métaphysiciens ont créé un renversement. Celui-ci donnent une valeur absolue à l'irréel. Ce retournement met sur le même pied valeur et réalité. L'homme n'est plus dans la lutte pour l'existence mais bien plutôt pour la puissance. Il a l'ambition d'avoir plus et plus vite et plus souvent. Ainsi, chez Nietzsche se sont ceux qui sont une condamnation de la vie qui survivent. Chez lui, ceux qui se détachent d'une espèce sont éliminés car ce qui les anime est une volonté de combat et de prise de risques. Il n'y a donc pas de véritable évolution de la nature qui retombent au type moyen.
La pensée de Spinoza est égalitaire. L'être actif est celui qui connaît les choses universelles avec une telle profondeur qu'il les pense par intuition.
Contrairement à Spinoza qui voit chez l’homme la possibilité de s’émanciper par la connaissance de ses affects, chez Nietzsche l’être humain est une forme d’évolution imparfaite qui n’a d’intérêt que dans la mesure où l’homme doit donner naissance à une forme surhumaine capable d’assumer la vie de façon Dionysiaque. Selon ses propres termes : « l’homme n’est qu’un pont vers le surhumain ».
Cependant, pour arriver à ce stade de possibilité de dépassement, l’homme doit parfaire sa connaissance de l’affectivité humaine afin de s’en émanciper de façon radicale. C'est-à-dire en s’écartant des hommes qui ne sont pour ce « lion » que perte de temps et confusion. Le surhomme (Zarathoustra) est l’être suffisamment solide pour accepter un éternel retour de son existence (parfait contraire de la providence catholique). C’est l’être qui manifeste la volonté de puissance en elle-même. C’est un seigneur qui représente la force indépendamment des concepts et des valeurs ambiantes.
Voici une brève comparaison des deux philosophies :
La pensée du philosophe Allemand nie l’universalité des spiritualités religieuses et des métaphysiques philosophiques.
Même si Nietzsche manque volontairement de rigueur dans ses ouvrages, il écrit par succession plus ou moins suivie d’aphorismes et de réflexions succinctes et brutales comme des coups de marteau donnés sur tous les concepts développés par des humains pour les humains.
Nietzsche est désabusé par l’imperfection de sa condition humaine et par les limites et les souffrances encore plus violentes que lui imposent une maladie dégénérative et incurable. Il est probablement tellement amoindri par ses souffrances physiques qu’il développe une sorte de "philosophie médicament". Il va développer une théorie psychologique de la dépendance afin d'associer à toutes pensées conceptuelles les névroses de leurs auteurs. Les philosophes sont des accoucheurs intellectuels de leur propre incapacité à supporter l’existence.
La vie se présentant dans sa beauté et sa brutalité magnifique, les penseurs d’un autre monde ne sont que des créateurs d’imaginaire. L'irréel développée par un intellectuel, correspond trait pour trait à un ressentiment personnel envers ce qu'il est incapable de supporter. De même, l'artiste transforme le monde afin de le rendre supportable. L'art est une forme de remède à la connaissance et le monde n'est possible que par l'illusion artistique. Pour Nietzsche, l'art est un remède à la vérité... A sa vérité.
Comme chez Spinoza, on perçoit chez Nietzsche une influence des sciences physique. Tous les contextes extérieurs qui empêchent l’homme de manifester sa puissance de vie telle qu’elle se présente en lui est contraint de la refouler au prix d’une manifestation de bassesses contraire à la manifestation des forces.
Bien que comparable à Spinoza en ce qui concerne la remise en question des dogmes et des valeurs morales, Nietzsche s’oppose totalement aux idées d’universelle, de Dieu et de métaphysique. Pour le philosophe, l’univers n’est qu’une immense quantité de force en action dont le principe est la dominance d’une quantité d’énergie sur une autre quantité d’énergie sans finalité particulaire.
L’esprit et la matière sont des formes de représentations de ces quantités. Ces représentations sont apparues par hasard. Cette énergie crée une force (principe physique élémentaire) que nous percevons. C’est réel car c’est actif et c’est actif car c’est réel. La seule modalité d’existence valable est l’être actif (immanence pure).
Il récuse toute forme d’idéal humain qu’il considère comme une fuite en avant des êtres incapables de supporter l’existence telle qu’elle se présente, ces individus sont des faibles et des passifs. La morale des faibles est donc l'expression de ce ressentiment : le ressentiment est l'affect d'une volonté vaincue qui cherche à se venger.
Nietzsche hait la providence Catholique qu’il rend responsable de la décadence de l'occident. La pensée dualiste qui consiste à séparer Dieu du monde réel est une insulte à la vie.
Ainsi, selon Nietzsche, la pitié, l'altruisme, toutes les valeurs humanitaires, sont en fait des valeurs par lesquelles on cherche à se redonner des conditions de possibilité de supporter le monde.
Pour lui, ces valeurs sont illusoires et donc passives. Elles sont le terreau d’une haine impuissante qui se cherche un moyen de vengeance et de domination. Le christianisme, le libéralisme, le socialisme, etc. sont des exemples de morales du ressentiment.
Le ressentiment donne naissance à des valeurs d’égalité propre aux faibles. Les valeurs des lumières portées avant l’heure par l’œuvre de Spinoza (laïcité, égalité, solidarité, progrès…) ne sont que des réminiscences de la pensée christique laïcisée. Chez Nietzsche, le faible est dominant en nombre et contrarie la courbe de l’évolution humaine par une causalité généalogique de conditions d'organisations humaines dévalorisant la vie (contraire de la théorie de l’adaptation de Darwin).
Cependant, l'inversion morale des valeurs par les faibles, ne suffit pas à expliquer la puissance avec laquelle elle s'est imposée dans l'histoire. Il y faut encore l'ingérence du prêtre qui s'oppose, dans une riposte de castes, au guerrier (et au politique).
La figure de l'idéal ascétique, c'est le prêtre. Homme du ressentiment par excellence, maître de l'autre monde.
Comment assoit-il sa domination ? Quelle est sa généalogie?
Le faible s'interroge sur les causes de son malheur. Pour Nietzsche, c'est précisément là que surgit le prêtre. Il désigne l'homme accablé comme responsable de ses fautes. Par le péché, l’homme d’église vient répandre la mauvaise conscience, encourager la confusion dans les pulsions intrapsychiques. C'est une véritable tyrannie du coupable visant à le rendre maître du troupeau.
C’est alors qu’apparaît le dictat du miséreux. Dans une chaîne gigantesque de débiteur, la religion s'installe et se pérennise sous l'œil bienheureux de ces représentants du néant. A présent, ils sont les maîtres de ce troupeau d'ascètes.
L'aspiration vers le vide, la mise à disposition des forces contre les forces, l'affaiblissement du vouloir, telles sont les grands mouvements qui circulent dans le christianisme.
Toutes les pensées de l'absolu, sont les symptômes d'une même volonté de revanche, d'une volonté d'en finir qui, curieusement se met à créer des valeurs. Ces valeurs s’expriment en « moraline » chrétienne : l’être refoule ses pulsions et ses instincts élémentaires qui émergent dans la conscience en amoindrissement de l’existence (dépression, haine, passions tristes,…)
La conscience chez Nietzsche n'est qu'une perception tardive des effets de la lutte des instincts, des pulsions et des affects. Ils sont une manifestation particulière de la volonté de puissance. Les pulsions et les instincts cherchant à dominer ou à s’associer pour dominer. Ces jeux de forces sont inconscients mais omniprésents et la morale religieuse les réprime et génère des consciences animées par la bassesse (viols, dépendances, destructions, perversions…).
Partout ou se manifeste la vie, se manifeste la volonté de puissance. La vie est essentiellement volonté de force ; et même dans la volonté de celui qui obéit, il trouve la volonté d’être maître. Le vivant cherche la puissance au risque d’y perdre la vie.
Ainsi, Nietzsche développe une théorie contraire à celle de Spinoza. Pour lui, le principe de « conservation de soi » du Philosophe Hollandais est tout simplement faux (voir les affects). C’est l’accroissement de puissance qui serait l’objectif essentiel du vivant qui, pour Nietzsche, n’apparaît plus chercher le bonheur d’une psychologie épicurienne.
Ainsi ce que Spinoza considère comme passivité et esclavage, ce sont les passions des hommes alors que le philosophe Allemand considère les passions comme des forces actives qui veulent se dépenser et créer. C’est une chaîne d’explosion continue qui n’a pas le bonheur pour but.
Chez Friedrich l’harmonie est passive et régressive. C’est la puissance des faibles pour anéantir les forts. Les forts étant les seigneurs donc des hommes à la constitution suffisamment puissante pour dominer les autres. La pensée de Nietzsche est donc Aristocratique. Cependant, il n’est pas Darwinien. Les types supérieurs ne sont pas ceux qui survivent aux conditions du milieu. La supériorité et l'infériorité ne se définissent pas par la durée de l'existence. Car, dans ce cas, une existence terne, ralentie, amoindrie témoignerait de la valeur plus grand d'un individu.
C’est au contraire, la vie intense, puissante, explosive, la vie débordante de santé, de courage , de témérité, la vie dangereuse qui, seule, peut révéler la supériorité d’un type, quel que soit le peu de longueur de cette explosion vitale. Celle qui s’efforce de survivre mesquinement à elle-même indique déjà le déclin. Elle annonce l’épuisement et la décadence. Mais le christianisme, le platonisme et les métaphysiciens ont créé un renversement. Celui-ci donnent une valeur absolue à l'irréel. Ce retournement met sur le même pied valeur et réalité. L'homme n'est plus dans la lutte pour l'existence mais bien plutôt pour la puissance. Il a l'ambition d'avoir plus et plus vite et plus souvent. Ainsi, chez Nietzsche se sont ceux qui sont une condamnation de la vie qui survivent. Chez lui, ceux qui se détachent d'une espèce sont éliminés car ce qui les anime est une volonté de combat et de prise de risques. Il n'y a donc pas de véritable évolution de la nature qui retombent au type moyen.
La pensée de Spinoza est égalitaire. L'être actif est celui qui connaît les choses universelles avec une telle profondeur qu'il les pense par intuition.
Contrairement à Spinoza qui voit chez l’homme la possibilité de s’émanciper par la connaissance de ses affects, chez Nietzsche l’être humain est une forme d’évolution imparfaite qui n’a d’intérêt que dans la mesure où l’homme doit donner naissance à une forme surhumaine capable d’assumer la vie de façon Dionysiaque. Selon ses propres termes : « l’homme n’est qu’un pont vers le surhumain ».
Cependant, pour arriver à ce stade de possibilité de dépassement, l’homme doit parfaire sa connaissance de l’affectivité humaine afin de s’en émanciper de façon radicale. C'est-à-dire en s’écartant des hommes qui ne sont pour ce « lion » que perte de temps et confusion. Le surhomme (Zarathoustra) est l’être suffisamment solide pour accepter un éternel retour de son existence (parfait contraire de la providence catholique). C’est l’être qui manifeste la volonté de puissance en elle-même. C’est un seigneur qui représente la force indépendamment des concepts et des valeurs ambiantes.
Ainsi, Nietzsche partage avec Spinoza le fait de «
faire de la connaissance l'affect le plus puissant » (Id., lettre à
Overbeck du 30 juillet 1881). Il s'agit pour Nietzsche de dépasser
l'imaginaire de façon radicale par la puissance de l'homme d'élite. Il
s'agit pour Spinoza de dépasser l'imaginaire pour ce qui est commun à
tous les hommes.
Même si Nietzsche est incontestablement un penseur d’envergure très difficile à synthétiser sans le caricaturer, sa philosophie est profondément inégalitaire et élitiste. Elle est essentiellement un outil de lecture critique des systèmes humains. Nietzsche atomise littéralement 2500 ans de philosophie à la dynamite. Son "bulldozer" n'est, cependant, ni de gauche, ni de droite car ces concepts partisans sont définitivement "trop humain".
D'autre part, Nietzsche est lui-même la caricature de sa propre théorie basée sur le ressentiment. Défaut qu’il reconnaitra puisqu’il est humain et imparfait.
Malgré une pensée désabusée, brutale et dépendante, elle est tout à fait incompatible avec le nazisme sans un effort de falsification majeur. Nietzsche sera cité au procès de Nuremberg comme source d'inspiration au national socialisme et au pangermanisme. Cette assimilation regrettable est due à la falsification d'un de ses ouvrages pour le faire correspondre aux idées simplistes du national socialisme.
Le surhomme est une sorte de personnage solitaire incarnant l’intelligence et la force et symbolisé par un enfant (la symbolique de l'enfant comme pureté de l'action est une pensée empruntée au Taoïsme). Il n’y a aucun rapport avec les théories délirantes sur l’arien blond sportif conditionné à l’obéissance aveugle à la nation germanique.
Malgré tout, son œuvre sera une source d’inspiration pour la philosophie de Martin Heidegger dont l’ultranationalisme n’aura d’égale que la perversion de sa pensée au service d’une idéologie criminelle.
Même si Nietzsche est incontestablement un penseur d’envergure très difficile à synthétiser sans le caricaturer, sa philosophie est profondément inégalitaire et élitiste. Elle est essentiellement un outil de lecture critique des systèmes humains. Nietzsche atomise littéralement 2500 ans de philosophie à la dynamite. Son "bulldozer" n'est, cependant, ni de gauche, ni de droite car ces concepts partisans sont définitivement "trop humain".
D'autre part, Nietzsche est lui-même la caricature de sa propre théorie basée sur le ressentiment. Défaut qu’il reconnaitra puisqu’il est humain et imparfait.
Malgré une pensée désabusée, brutale et dépendante, elle est tout à fait incompatible avec le nazisme sans un effort de falsification majeur. Nietzsche sera cité au procès de Nuremberg comme source d'inspiration au national socialisme et au pangermanisme. Cette assimilation regrettable est due à la falsification d'un de ses ouvrages pour le faire correspondre aux idées simplistes du national socialisme.
Le surhomme est une sorte de personnage solitaire incarnant l’intelligence et la force et symbolisé par un enfant (la symbolique de l'enfant comme pureté de l'action est une pensée empruntée au Taoïsme). Il n’y a aucun rapport avec les théories délirantes sur l’arien blond sportif conditionné à l’obéissance aveugle à la nation germanique.
Malgré tout, son œuvre sera une source d’inspiration pour la philosophie de Martin Heidegger dont l’ultranationalisme n’aura d’égale que la perversion de sa pensée au service d’une idéologie criminelle.
SPINOZA, NIETZSCHE ET LA PSYCHOLOGIE
Nietzsche et Spinoza ne seraient-ils pas des sortes de précurseurs de la psychologie?
Les deux philosophes examinent la question du comportement des hommes de façon différente. Un psychologue contemporain de courant cognitif vous expliquerait probablement qu’il ne s’agit pas là, de psychologie au sens noble. Il pourrait se justifier, notamment, en se lançant dans une diatribe sur les interprétations personnelles et relatives des philosophes et plus particulièrement des adeptes de psychanalyse ; Psychanalyse ou psychologie dynamique que tant d’études cognitives ont réfutées sur base d’une mise en perspective du réel par l’expérimentation.
Vous pourriez, lui rétorquer, à ce psychologue que sa critique par une mise en perspective par les faits est très « Nietzschéenne » ! Et pourtant, il faudrait pour cela que votre interlocuteur reconnaisse que sa méthode expérimentale n’est pas, non plus, généralisable à toute la question humaine. Qu’elle n’est pas un dogme ou une religion, mais un courant parmi d’autres.
La psychologie est donc un ensemble de courants allant de la psychanalyse profondément philosophique aux neurosciences cognitives en passant par le comportementalisme, la systémique et bien d'autres sous-disciplines. Les courants modernes comprenant le plus souvent des recherches statistiques, des études de laboratoires associés à la recherche médicale, etc...
Alors où pourrait se trouver les deux philosophes ?
Chez Nietzsche, la logique des pulsions infra-conscientes et donc invisibles comme principe de détermination des comportements visibles est une forme de métaphysique qui ne dit pas son nom. Au-delà des considérations sur la forme excessivement violente de son œuvre, il développe une "psychologie" des profondeurs totalement novatrice. "Psychologie" littéraire et hypothétique qui sera totalement refondue au profit d’une mise en pratique mécanique par Sigmund Freud. Freud y ajoutera des paramètres libidineux en tant que manifestations de la vie aux travers de pulsions sexuelles refoulées comme "dieu" et maître de la psyché. Il y joindra, également, la nécessité de faire réémerger à la conscience, les traumatismes refoulés (les causes du ressentiment chez Nietzsche) au cours de l’histoire du patient.
A contrario, Spinoza développe une "psychologie" beaucoup plus descriptive et systémique. Tout son raisonnement est basé sur de hypothétiquement observable. Peu importe les mécanismes énergétiques de fond, ils n’appartiennent pas au raisonnement géométrique et sont des distordions singulières du réel. Il est au point de vue de la forme descriptive de l'affectivité proche de certaines théories de la psychologie de système actuelle.
Par contre, comme Chez Nietzsche, nous le verrons dans les pages qui suivent, cette sorte de "psychologie" du comportement "normal" exposée par Spinoza souligne que ce qui est considéré comme normal est en quelque sorte délirant. Par déduction, pour Spinoza, les pathologies psychiques modernes ne seraient qu'une exacerbation plus ou moins grande d'un esprit déjà confus (le normal du plus grand nombre). Chez le philosophe Allemand, c'est un renversement général des valeurs réelles découlant des forces inconscientes qui transforme le monde en une grande "pathologie" des hommes.
Pour finir, chez Spinoza, il n'est fait nulle-part mention d'un quelconque inconscient. Il semble plutôt privilégier une sorte de mémoire sélective en fonction de la puissance d'un affect sur un autre. Il est probable que Spinoza aurait assimilé le concept d'inconscient à une catégorie imaginative et non nécessaire. Quelque chose de superficiel, relatif et à dépasser. Selon moi, le concept d'inconscient ne serait qu'une façon d'ajouter de la confusion à ce qui est déjà confus en transformant une logique causale de la mémoire des affects en une théorie fumeuse et inobservable.
Par exemple, Il ne s'agit pas de nier qu'une personne violée dans son enfance puisse l'avoir oublié et malgré tout ressentir de l'angoisse dans des situations associées à ce souvenir confus (présence d'une horloge). Il s'agit simplement de l'expliquer par la prévalence d'un affect sur un autre. Par le fait que l'homme s'efforcera autant qu'il le peut de ne pas se souvenir de ce qui l'attriste mais que par association d'un objet neutre (horloge) à un affect de tristesse (ressenti pendant le viol devant une horloge), il ressentira une passion triste sans nécessairement se souvenir du sens réel de cette passion (le viol). On pourrait donc qualifier le concept d'inconscient comme non nécessaire à la raison car objet de confusion dans une définition du réel.
Nous l'avons souligné plus haut, Spinoza développe une psychologie eudémoniste (du grec : εὐδαιμονία / eudaimonía, « béatitude »). Tout organisme vivant fait un effort pour grandir et pour persévérer dans son être (principe de conservation de soi). L'homme cherche donc à réaliser sa nature profonde. Les deux grandes émotions fondamentales sont la tristesse et la joie. La tristesse se manifeste lors de la rencontre d'obstacles à notre nature profonde, la joie se manifeste lorsque l'on s'améliore dans notre nature profonde. Le but de la vie est donc que la joie prenne toute la place conformément à cette nature. Il faut trouver les choses justes pour soi par la raison afin de s'épanouir en adéquation avec sa propre essence. Cette essence sera rarement en adéquation avec notre éducation et nos stéréotypes et c'est pour cela que la philosophie de Nietzche peut être la première marche vers Spinoza. Il est parfois nécessaire d'abattre intellectuellement des valeurs nous portant vers ce qui est contraire à nous même. Il arrive qu'un banquier puisse se rendre compte à 40 ans qu'il est destiné à s'épanouir dans l'art.
Spinoza propose de s'émanciper du principe de réalité pour un retour à soi et c'est ce que certains psychologues appellent le principe d'individuation (conception de soi comme totalité). Il démontre par son descriptif des tendances affectives humaines découlant de la connaissance partiel des réalités que l'homme attaché à l'extérieur se condamne lui-même à ne jamais être heureux. L'être pourra ressentir quelques joies plus moins spontanées et hasardeuses ou plus ou moins intenses mais jamais un épanouissement continu et souverain. Seul le retour à sa nature peut-être une libération.
AUTEUR : Gérald Fraikin - Liège Belgique
Voir également : https://nietzsche-tragedie.weebly.com/
Les deux philosophes examinent la question du comportement des hommes de façon différente. Un psychologue contemporain de courant cognitif vous expliquerait probablement qu’il ne s’agit pas là, de psychologie au sens noble. Il pourrait se justifier, notamment, en se lançant dans une diatribe sur les interprétations personnelles et relatives des philosophes et plus particulièrement des adeptes de psychanalyse ; Psychanalyse ou psychologie dynamique que tant d’études cognitives ont réfutées sur base d’une mise en perspective du réel par l’expérimentation.
Vous pourriez, lui rétorquer, à ce psychologue que sa critique par une mise en perspective par les faits est très « Nietzschéenne » ! Et pourtant, il faudrait pour cela que votre interlocuteur reconnaisse que sa méthode expérimentale n’est pas, non plus, généralisable à toute la question humaine. Qu’elle n’est pas un dogme ou une religion, mais un courant parmi d’autres.
La psychologie est donc un ensemble de courants allant de la psychanalyse profondément philosophique aux neurosciences cognitives en passant par le comportementalisme, la systémique et bien d'autres sous-disciplines. Les courants modernes comprenant le plus souvent des recherches statistiques, des études de laboratoires associés à la recherche médicale, etc...
Alors où pourrait se trouver les deux philosophes ?
Chez Nietzsche, la logique des pulsions infra-conscientes et donc invisibles comme principe de détermination des comportements visibles est une forme de métaphysique qui ne dit pas son nom. Au-delà des considérations sur la forme excessivement violente de son œuvre, il développe une "psychologie" des profondeurs totalement novatrice. "Psychologie" littéraire et hypothétique qui sera totalement refondue au profit d’une mise en pratique mécanique par Sigmund Freud. Freud y ajoutera des paramètres libidineux en tant que manifestations de la vie aux travers de pulsions sexuelles refoulées comme "dieu" et maître de la psyché. Il y joindra, également, la nécessité de faire réémerger à la conscience, les traumatismes refoulés (les causes du ressentiment chez Nietzsche) au cours de l’histoire du patient.
A contrario, Spinoza développe une "psychologie" beaucoup plus descriptive et systémique. Tout son raisonnement est basé sur de hypothétiquement observable. Peu importe les mécanismes énergétiques de fond, ils n’appartiennent pas au raisonnement géométrique et sont des distordions singulières du réel. Il est au point de vue de la forme descriptive de l'affectivité proche de certaines théories de la psychologie de système actuelle.
Par contre, comme Chez Nietzsche, nous le verrons dans les pages qui suivent, cette sorte de "psychologie" du comportement "normal" exposée par Spinoza souligne que ce qui est considéré comme normal est en quelque sorte délirant. Par déduction, pour Spinoza, les pathologies psychiques modernes ne seraient qu'une exacerbation plus ou moins grande d'un esprit déjà confus (le normal du plus grand nombre). Chez le philosophe Allemand, c'est un renversement général des valeurs réelles découlant des forces inconscientes qui transforme le monde en une grande "pathologie" des hommes.
Pour finir, chez Spinoza, il n'est fait nulle-part mention d'un quelconque inconscient. Il semble plutôt privilégier une sorte de mémoire sélective en fonction de la puissance d'un affect sur un autre. Il est probable que Spinoza aurait assimilé le concept d'inconscient à une catégorie imaginative et non nécessaire. Quelque chose de superficiel, relatif et à dépasser. Selon moi, le concept d'inconscient ne serait qu'une façon d'ajouter de la confusion à ce qui est déjà confus en transformant une logique causale de la mémoire des affects en une théorie fumeuse et inobservable.
Par exemple, Il ne s'agit pas de nier qu'une personne violée dans son enfance puisse l'avoir oublié et malgré tout ressentir de l'angoisse dans des situations associées à ce souvenir confus (présence d'une horloge). Il s'agit simplement de l'expliquer par la prévalence d'un affect sur un autre. Par le fait que l'homme s'efforcera autant qu'il le peut de ne pas se souvenir de ce qui l'attriste mais que par association d'un objet neutre (horloge) à un affect de tristesse (ressenti pendant le viol devant une horloge), il ressentira une passion triste sans nécessairement se souvenir du sens réel de cette passion (le viol). On pourrait donc qualifier le concept d'inconscient comme non nécessaire à la raison car objet de confusion dans une définition du réel.
Nous l'avons souligné plus haut, Spinoza développe une psychologie eudémoniste (du grec : εὐδαιμονία / eudaimonía, « béatitude »). Tout organisme vivant fait un effort pour grandir et pour persévérer dans son être (principe de conservation de soi). L'homme cherche donc à réaliser sa nature profonde. Les deux grandes émotions fondamentales sont la tristesse et la joie. La tristesse se manifeste lors de la rencontre d'obstacles à notre nature profonde, la joie se manifeste lorsque l'on s'améliore dans notre nature profonde. Le but de la vie est donc que la joie prenne toute la place conformément à cette nature. Il faut trouver les choses justes pour soi par la raison afin de s'épanouir en adéquation avec sa propre essence. Cette essence sera rarement en adéquation avec notre éducation et nos stéréotypes et c'est pour cela que la philosophie de Nietzche peut être la première marche vers Spinoza. Il est parfois nécessaire d'abattre intellectuellement des valeurs nous portant vers ce qui est contraire à nous même. Il arrive qu'un banquier puisse se rendre compte à 40 ans qu'il est destiné à s'épanouir dans l'art.
Spinoza propose de s'émanciper du principe de réalité pour un retour à soi et c'est ce que certains psychologues appellent le principe d'individuation (conception de soi comme totalité). Il démontre par son descriptif des tendances affectives humaines découlant de la connaissance partiel des réalités que l'homme attaché à l'extérieur se condamne lui-même à ne jamais être heureux. L'être pourra ressentir quelques joies plus moins spontanées et hasardeuses ou plus ou moins intenses mais jamais un épanouissement continu et souverain. Seul le retour à sa nature peut-être une libération.
AUTEUR : Gérald Fraikin - Liège Belgique
Voir également : https://nietzsche-tragedie.weebly.com/